LE MASQUE

La création artistique n’entend pas répondre aux problématiques actuelles mais y contribuer, c’est là tout le sens de ce projet engagé au printemps dernier. Le masque chirurgical déstabilise notre quotidien et s’articule autour d’une constatation anxiogène : paradoxalement protecteur il est dévastateur pour un environnement affaibli devenu, par notre faute, incapable d’entraver la propagation des virus. Cette répétition absurde fait de la protection un mal en devenir ; ne peut-on pas imaginer de nouvelles solutions pour y remédier ? Les alternatives au plastique doivent être étudiées. Pour cette création originale, le choix de la matière s’est porté sur l’Istroflex conçu par ComposiTIC, plateau technique de recherche et de développement implanté à Ploemeur, dans le Morbihan. Cette matière sans aucun perturbateur endocrinien est conçue à partir de coquilles d’huîtres au cœur d’une économie circulaire valorisée. Entièrement biodégradable, l’Istroflex oppose au plastique une malléabilité et une résistance remarquables. Le parti fut pris de combiner ce matériau audacieux à l’impression 3D également proposée par ComposiTIC. L’ébéniste Jean-Noël Robic a parfait les lignes obtenues jusqu’à obtenir l’aspect lisse et mate des armures japonaises.

S’il emprunte des lignes stylistiques puissantes et menaçantes, ce masque sombre préserve pourtant le regard. La forme accueillante de la maison et la fonction défensive du masque se veulent comme une allégorie de la protection et de la douceur autant pour celui qui le porte que pour le monde dans lequel il évolue. Purifier la respiration, c’est commencer par envisager un monde préservé des impuretés. La proposition se veut novatrice : l’objet comme concrétisation de possibilités techniques et artistiques nouvelles. En invitant une personnalité du design à collaborer avec ComposiTIC, acteur local et performant, la galerie contribue à sa mesure à l’émergence de nouvelles solutions, encourageant les innovations pour un monde d’après enrichit de la compréhension des enjeux du présent.

Galerie MICA