// FABRICE HYBER
// OR / FUSAIN / PEINTURE À L'HUILE / PAPIER MAROUFLÉ
// l. 200 x h. 150 CM

// PIÈCE UNIQUE

« Vivant » est un qualificatif qui sied à l’œuvre de Fabrice Hyber, tant l’énergie de vie transcende ses toiles peintes « du bout des doigts », comme le précisait poétiquement l’exposition « La Vallée », organisée par la Fondation Cartier, à Paris, cette année.

La démarche artistique de Fabrice Hyber, son travail de recherche et son désir de transmettre sont déjà omniprésents en 2010 dans le tableau « Equilibre ». Sous le mot coloré - qui donne son nom à cette œuvre – la lettre G majuscule, suggère que la gravité, les lignes de forces et de fuites intriguent l’artiste.

Il y mentionne un nœud qui interroge : comment dénouer le fil, si ce n’est à travers l’exaltation, en dépassant les choix binaires, en trouvant la voie du milieu ? Chaque étape compte. Et les tracés racontent et transmettent ses hypothèses à travers des mots et des dessins. La peinture évoque une troisième solution, un entre deux à fleur d’eau, une bulle de niveau, et montre la recherche vers un centre : le centre de l’œuvre, de la balance, de nous-même ?

La toile invite à voir plus loin que le simple oui ou non, à renverser le principe de complémentarité et d’opposition, et surtout « à transformer l’idée de mesure en équilibre » précise Fabrice Hyber. Puisque ce n’est pas tant le poids que l’axe horizontal qui l’intéresse, il ajoute un troisième plateau à un objet qui oscille normalement entre deux.

Donc la balance devient triple, telle une hélice et montre la dynamique évolutive, la transformation et précipite la recherche de stabilité. Ce bras supplémentaire souligne la nécessité de pousser les limites de la dualité. En passant de deux à trois, le principe dialectique commence. Un mouvement différent advient, telle une spirale qui incite sans cesse à réinventer un nouvel état, de nouvelles possibilités : « plus de choix/more choice » écrit le peintre.

Le noir du fusain et les couleurs de la peinture à l’huile extrêmement diluées - se complètent et se répondent. Quant à la feuille d’or sur les triangles, si elle imprègne la toile d’une aura solaire presque cosmique, elle vaut également son pesant d’or pour ce clin d’œil à la valeur puissante de ce métal rare et précieux. Sans oublier la référence à l’alchimie qui veut transmuter le plomb sombre en or lumineux, grâce à l’énergie de la fusion.

Cette toile métaphorique s’enrichit d’un cheminement visible. Elle témoigne du processus nécessaire pour concevoir et donner naissance au P.O.F. (prototype d’objet en fonctionnement) n°147, Triple Balance, en aluminium et acier (acheté par le centre Pompidou en 2013). Une nouvelle version de cet objet voit le jour en 2022 : édité en version acier noir, laiton brut par Galerie MICA, il ne peut que briller.

Texte par Nathalie Dresse

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